Surnommée à ses débuts « la Môme Piaf », elle est à l'origine de très nombreux succès devenus des classiques du répertoire, comme La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l'amour, Mon légionnaire, La Foule, Milord, Mon Dieu ou encore L'Accordéoniste.
Artiste possédée par son métier et chanteuse à la voix tragique, elle a inspiré de nombreux compositeurs, fut le mentor de nombreux jeunes artistes et a connu une renommée internationale, malgré une fin de carrière rendue difficile par de graves problèmes de santé, et un décès prématuré à l'âge de 47 ans.
Édith Piaf fut aussi comédienne au théâtre et au cinéma.
La légende issue de l'imagination d'un journaliste et secrètement entretenue par Piaf, la fait naître le 19 décembre 1915 à Paris, au 72 rue de Belleville, dans le 20e arrondissement, d'après la plaque apposée sur la maison sise à cette adresse - certaines sources précisent même qu'elle serait née sur les marches de la porte d'entrée de l'immeuble. Toutefois, selon son acte d'état-civil, Édith Giovanna Gassion est née 4, rue de la Chine, adresse de l'hôpital Tenon, qui est effectivement l'un des établissements de santé les plus proches de la rue de Belleville. Née dans la misère, Édith Piaf est une enfant du spectacle dont les ascendants appartenaient au monde du spectacle depuis deux générations.
Édith Piaf est la fille de Louis Alphonse Gassion, artiste de cirque contorsionniste (né à Castillon dans le Calvados le 10 mai 1881, mort le 3 mars 1944 à Paris) et d'Annetta Maillard (4 août 1895-6 février 1945), Line Marsa de son nom d'artiste, chanteuse de rue, née à Livourne (Italie). Louis Alphonse Gassion est le fils de Victor Alphonse Gassion, normand de Falaise, écuyer de cirque et de Léontine Louise Descamps, dite Maman Tine, patronne d'une maison close à Bernay en Normandie. Annetta Maillard, est la fille d'Auguste Eugène Maillard (1866-1912) et d'Emma Saïd Ben Mohamed, artiste de cirque, née à Soissons en 1876, décédée à Paris en 1930, fille de Said Ben Mohammed, artiste de cirque marocain, né à Mogador en 1827, mort en 1890 à Montluçon, et de Marguerite Bracco, d'origine italienne, née à Murazzano en 1830, décédée à Paris en 1898. Selon Arletty, sur La Danse mauresque, l'un des panneaux du Décor de la baraque de La Goulue de Toulouse-Lautrec, Emma Saïd pourrait être la danseuse mauresque assise à droite, derrière La Goulue.
Louis Gassion |
Line Marsa |
Sa mère, Line Marsa, trop pauvre pour l'élever, la confie très petite à sa grand-mère maternelle, Emma Said Ben Mohammed. Sa grand-mère ne se serait pas occupée d'elle, laissant la petite fille dans la saleté, ignorant l'eau et l'hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge. Elle reste 18 mois dans cette pauvre demeure avant que son père en permission de retour du front, ou peut-être sa tante Zéphora, la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d'une maison close à Bernay en Normandie. Édith est choyée par les prostituées de la maison, mangeant pour la première fois à sa faim, portant de jolies robes et buvant du lait de Normandie. Vers l'âge de 7 ou 8 ans, elle perd momentanément la vue en raison d'une kératite. La grand-mère, ayant appris la guérison d'une gamine atteinte de la même maladie après qu'on avait prié pour elle sur la tombe de Thérèse Martin à Lisieux, décide d'aller avec ses « filles » y demander la guérison de la petite. On prend le train, on prie sur la tombe de Thérèse, on ramène de la terre qu'on lui applique en bandeau sur les yeux tous les soirs. Après huit jours environ, Édith est guérie. Elle conservera toute sa vie une dévotion particulière à la « petite » Thérèse, dont elle gardera la médaille autour du cou sa vie durant. Il se trouve que Édith et Thérèse Martin sont cousines au 14e degré.
En 1922, son père la reprend avec lui, pour vivre la vie d'artiste de petits cirques itinérants, puis la vie d'artiste de rue indépendant et misérable. C'est, à l'image de sa mère, en chantant des airs populaires dans la rue avec son père qu'Édith révèle son talent et sa voix d'exception. Ils séjourneront à plusieurs reprises dans la petite ville de garnison de Mourmelon-le-Grand où se tenait le music-hall « l'Alcazar ».
Avec Simone Berteaut |
À l'automne 1935, elle est découverte dans la rue par Louis Leplée, gérant du cabaret Le Gerny's, sur les Champs-Élysées. À cette époque, Piaf fredonne principalement des chansons du répertoire de Fréhel. Leplée lui choisit comme nom d'artiste « la môme Piaf » (un « piaf », familièrement, est un moineau, et « la môme Moineau » existait déjà). Le succès arrive. Son talent et sa voix hors normes sont remarqués entre autres par le compositeur Raymond Asso, et par Marguerite Monnot, compositrice et pianiste virtuose, sa future, et fidèle, grande amie, qui l'accompagnera tout au long de sa carrière et composera les musiques de Mon légionnaire, Hymne à l'amour, Milord, Les Amants d'un jour.
En 1936, elle enregistre son premier disque, Les Mômes de la cloche, chez Polydor, et connaît un succès public et critique immédiat. Mais en avril, on retrouve Leplée assassiné à son domicile parisien. On découvre qu'il fréquentait les milieux du banditisme de Pigalle, ce qui précipite Édith dans le scandale. Elle est mise en cause par la presse et risque de retourner d'où elle est venue : la rue et les petits cabarets de misère. Elle passe cependant à Bobino et à L'Européen à la fin du printemps.
Mais, quelques disques et un peu de scène ne peuvent nourrir une artiste débutante. À la fin de l'été, elle reprend contact avec Raymond Asso, auquel elle avait refusé Mon légionnaire (créé par celle à qui elle devait tant, Marie Dubas en 1935, titre que Piaf reprend début 1937, avec le Fanion de la légion). Après Leplée, Asso devient son nouveau mentor. Il la prend en main et la fait travailler pour en faire une chanteuse professionnelle de music-hall. À l'automne 1936, elle décroche l'Alhambra. Au printemps 1937, elle est à nouveau à Bobino. Mais, Édith veut plus : l'A.B.C., le plus prestigieux music-hall parisien.
En mars 1937, Édith Piaf débute sa carrière de music-hall à l'A.B.C. à Paris, où elle devient immédiatement une immense vedette de la chanson française, aimée du public et ses chansons sont diffusées à la radio. C'est à cette époque qu'elle rencontre Danielle Bonel, cette dernière deviendra sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière.
Star de la fin des années 1930, Piaf triomphe à Bobino, ainsi qu'au théâtre en 1940, dans Le Bel Indifférent, une pièce spécialement écrite pour elle par Jean Cocteau et qu'elle interprète avec succès en compagnie de son compagnon du moment, l’acteur Paul Meurisse (rôle muet). Toujours avec Paul comme partenaire, elle joue dans le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe (1941). C’est lors du tournage de ce long métrage qu’elle fait la connaissance d'Henri Contet, qui deviendra, à l’instar de Marguerite Monnot, l’un de ses paroliers fétiches.
Pendant l’occupation allemande, Édith, qui a définitivement troqué « La Môme Piaf » contre « Édith Piaf », continue de donner des concerts. Malgré un voyage à Berlin en août 1943 avec quelques artistes français dont Loulou Gasté, Raymond Souplex, Viviane Romance, Albert Préjean où elle pose devant la porte de Brandebourg à l'occasion d'un voyage censé promouvoir la chanson française. Elle cède peu face à l’occupant nazi : elle interprète des chansons à double sens, évoquant la résistance sous les traits d’un amant (Tu es partout) et protège les artistes juifs menacés par la milice et les Allemands.
Au printemps 1944, elle se produit au Moulin Rouge où le tout jeune chanteur de music-hall Yves Montand passe en première partie de son spectacle. C'est le coup de foudre et Édith Piaf, déjà célèbre et adulée, entreprend de l'initier aux ficelles du métier et à la vie d'artiste. Elle va propulser sa carrière en lui présentant des gens importants à cette époque dans le monde du spectacle : Joseph Kosma, Henri Crolla, Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard, Bob Castella, Francis Lemarque…
C'est également cette année-là que le père d'Édith meurt. Elle perdra sa mère l'année suivante.
En 1945, Piaf écrit l’un de ses premiers titres : La Vie en rose (qu'elle n'enregistrera qu'en 1946), sa chanson la plus célèbre, désormais devenue un classique. Elle joue également à la Comédie-Française.
Yves Montand devient à son tour une vedette du music-hall. Il débute au cinéma aux côtés de Piaf dans Étoile sans lumière, puis obtient son grand premier rôle dans Les Portes de la nuit, de Marcel Carné. Ils partent en tournée jusqu'en 1946, l'année où ils se séparent.
C'est en 1946 que la chanteuse rencontre Les Compagnons de la Chanson, avec lesquels elle interprète le morceau Les Trois Cloches de Jean Villard (dit Gilles), qui connaît un immense succès. Elle part ensuite avec ses protégés donner des concerts aux États-Unis pendant l’année 1947.
En 1948, alors qu'elle est en tournée triomphale à New York, elle vit la grande histoire d'amour de sa vie avec le boxeur français, de Sidi Bel Abbès, Marcel Cerdan, qui devient champion du monde de boxe des poids moyens le 21 septembre 1948. Au début de l'année suivante, elle fait avec lui l'acquisition de sa première maison, un hôtel particulier à Boulogne-Billancourt acheté dix neuf millions de francs à un milliardaire ruiné, Gilbert des Crances. Là, installée avec Simone Berteaut, elle y compose l'Hymne à l'amour qui est donné pour la première fois en septembre.
Le 28 octobre 1949, Cerdan meurt dans un accident d'avion sur le vol Paris-New York, aux Açores, alors qu'il venait la rejoindre. Parce qu'il n'y avait plus de place dans cet avion, un couple avait cédé, avec gentillesse, ses places au boxeur… Anéantie par la souffrance morale (et la culpabilité) et par une polyarthrite aiguë, Édith Piaf prend, pour calmer sa douleur, de fortes doses de morphine. Elle chantera son grand succès, Hymne à l'amour et également Mon Dieu, en sa mémoire. Elle installe dans son hôtel particulier les trois enfants de Marcel Cerdan et leur mère, Marinette. Son état reste cependant si délabré qu'elle se voit refuser des rôles.
En 1951, le jeune auteur-compositeur-interprète Charles Aznavour devient son « homme à tout faire », secrétaire, chauffeur et confident. Il lui écrit certaines chansons particulièrement notables comme Plus bleu que le bleu de tes yeux, ou encore Jezebel dans cet hôtel particulier au sortir du Bois de Boulogne où elle tient table ouverte mais qu'elle revend, avec ses tristes souvenirs, pour s'installer à Paris même, 67 boulevard Lannes. En septembre, elle entame avec, le cycliste Louis (Toto) Gérardin, qui est marié et habite également au Parc des Princes, à mille mètres de chez elle, une nouvelle relation amoureuse qui tourne court dès février 1952. Passionnément éprise, elle continue une correspondance enfiévrée, qui sera vendue aux enchères en 2009, jusqu'au 18 septembre 1952. Deux jours plus tard, elle épouse le chanteur français Jacques Pills. Son témoin est l'actrice Marlène Dietrich, qui a choisi la robe de mariée. L'événement est couvert par plus de soixante-quatre magazines.
Édith Piaf meurt le 10 octobre 1963 à 13 h 10 à Plascassier (un quartier excentré de Grasse dans les Alpes-Maritimes) à l'âge de 47 ans d'une hémorragie interne (rupture d'anévrisme) due à une insuffisance hépatique, usée par les excès, la morphine et les souffrances de toute une vie. Elle est morte dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière. Le transport de sa dépouille vers Paris est organisé clandestinement et dans l'illégalité ; sa mort est annoncée officiellement le 11 octobre à Paris, le même jour que celle de son ami Jean Cocteau. Cocteau, avec lequel Édith entretenait une correspondance suivie, apprenant la nouvelle de sa mort, a dit : « C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette terre ». Il a ajouté : « Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres », avant de mourir lui-même.
Les obsèques de Piaf ont lieu au cimetière du Père-Lachaise (division 97). Malgré sa foi, parce que divorcée et ayant mené une vie « tumultueuse » au regard de l'Église, elle est interdite d'obsèques religieuses ; L'Osservatore Romano, organe du Vatican, écrit qu'elle a vécu « en état de péché public » et qu'elle était une « idole du bonheur préfabriqué ». L'aumônier du théâtre et de la musique, le père Thouvenin de Villaret, peut cependant, au cimetière, lui accorder une dernière bénédiction. Une immense foule de dizaines de milliers d'admirateurs est venue lui rendre un dernier hommage tout au long du parcours du cortège à travers Paris, du boulevard Lannes jusqu'au Père-Lachaise.
Édith Piaf a été embaumée avant d'être enterrée. Elle se trouve dans un caveau où reposent également son père, Louis-Alphonse Gassion, mort en 1944, son mari, Théo Sarapo, tué dans un accident de voiture en 1970, et sa fille Marcelle, morte en 1935, à l'âge de 2 ans.
Personnalité et voix de la chanson française hors du commun, elle reste l'une des chanteuses françaises les plus célèbres au monde et a lancé avec succès la carrière de nombreux chanteurs, comme Yves Montand, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Georges Moustaki. Son image est associée à son inséparable petite robe noire.
Magnifique hommage et sa vie tellement triste :'(
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